Coquetèle est un objet Oubapien par excellence : une boîte contenant trois dés non ordonnés avec une case de bande dessinée sur chaque face, permettant de constituer 1296 strips de trois cases. Anne Baraou avait déjà publié une première “Bd‑dés” chez Hors‑Gabarit il y a une dizaine d’années avec Corinne Chalmeau. Cette nouvelle version dessinée par Sardon, toute en couleurs, est un cadeau idéal. Fabriqué à la main en plein Paris !

Le jeu

Sous forme de trois dés, une bande dessinée dans la veine des Mille milliards de poèmes de Raymond Queneau. Coquetèle (lancé en 2002), est en réalité la réinvention d’un modèle plus ancien, Après tout tant pis, imaginé par Anne Baraou et mis en images par Corinne Chalmeau en 1991. Le principe reste le même dans les deux cas : une boîte contient trois cubes, sur chaque face desquels figure une case de bande dessinée. Chaque case contient à la fois un fragment de texte (dialogue ou récitatif) et une image, et, lorsqu’on lance les trois cubes, on obtient un strip de trois cases.

Comme l’indique Anne Baraou : «Dans le processus de réception de la BD dés, la lecture est prépondérante et l’emporte sur l’observation du dessin. […] Le dessin, comme souvent dans la réception des bandes dessinées (trop lues pour être regardées), fait le lien.» Elle précise par cette dernière phrase que les images font cependant office d’ancres ou de référents, et qu’elles apportent également des précisions contextuelles invisibles dans le texte des bulles ou des récitatifs. La raison de la primauté du texte est simple : comme l’explique Thierry Groensteen dans l’article précité, «ce sont les vertus combinatoires de la langue qui permettent à ces morceaux de phrase […] de toujours produire un énoncé (plus ou moins) cohérent.» Ces «morceaux» consistent en une proposition principale à laquelle s’accolent deux compléments circonstanciels dans le cas du Coquetèle.

Boutique de L’Association

L’Ouvroir de bande dessinée potentielle

Réfléchis et créé dans le cadre de l’OuBaPo, ce jeu a pour but d’adhérer à la contrainte de «consécution aléatoire» imaginée par celui-ci, que Thierry Groensteen définit comme suit : Obéit à cette contrainte toute bande dessinée dont les vignettes peuvent être placées et lues dans n’importe quel ordre. C’est le maillage séquentiel de la bande dessinée qui est ici en cause. Si le lecteur puise dans une «cagnotte» des images imprimées sur des cartons séparés (comme les cartes d’un jeu), il doit pouvoir les disposer devant lui au hasard et produire, dans tous les cas, un énoncé coordonné, une séquence cohérente. Comme le remarque implicitement Groensteen, cette contrainte OuBaPienne ne peut se pratiquer avec une bande dessinée classiquement créée et produite en album, à moins de se fournir d’une bonne paire de ciseaux. Il est nécessaire de disposer d’éléments que l’ont peut physiquement manipuler, déplacer.

L’Ouvroir de bande dessinée potentielle (OuBaPo) a été fondé en novembre 1992 au sein de l’Ou-X-Po et à travers la maison d’édition L’Association. Ce comité crée des bandes dessinées sous contrainte artistique volontaire à la manière de l’Ouvroir de littérature potentielle (OuLiPo) créé en 1960 par Raymond Queneau et François Le Lionnais. Six OuPus ont été publiés parcourant les diverses recherches, auxquels s’ajoutent les œuvres individuelles de ses membres et sympathisants.

Jeux OuBaPo et objets-BDs

L’Éditeur

L'Association