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Découvrez l’hyperphoto et les œuvres de JF Rauzier, Cássio Vasconcellos et Yang Yongliang, des images monumentales composées d’une infinité de détails.

Hyperphoto et représentations du monde contemporain

Grâce à un travail de longue haleine et aux progrès du numérique, Jean-François Rauzier, Cássio Vasconcellos et Yang Yongliang, trois photographes atypiques, retranscrivent une vision inquantifiable de notre monde.

styled-image © Cássio Vasconcellos

L’hyperphoto : une mise en abyme de la photographie

Jean-François Rauzier produit des images infiniment grandes et petites. Il est à l’origine du concept d’hyperphotographie : la création de panoramas immenses et détaillés à l’extrême, composés de milliers de prises de vues. A l’impression, ses oeuvres peuvent atteindre 6 mètres de large et 300 000 000 pixels.

styled-image © Jean-François Rauzier

« La réalité, sur laquelle s’appuie le rêve, je l’ai trouvé dans ces grands panoramas, des images monumentales construites chacune par l’assemblage de plusieurs centaines de photographies, microcosmes lesquelles on peut s’immerger et se perdre. » Citation tirée d’une conférence donnée à l’ENSBA.

styled-image © Jean-François Rauzier

Jean-François Rauzier combine différents points de vue d’un même espace et les déforme pour créer des architectures fractales. Le regard saturé échoue à lire l’image dans sa totalité, tant elle recèle d’éléments dupliqués et accumulés à l’infini. L’hyperphoto permet à Jean-François Rauzier de proposer une vision du monde surréaliste, omnisciente, impossible pour notre entendement.

Regards critiques sur la mondialisation

Si le concept d’hyperphotographie est directement lié au travail de Jean-François Rauzier, il fait écho à la démarche de plusieurs photographes contemporains, qui créent aussi des images gigantesques, riches en détails redondants.

Comme Jean-François Rauzier, Cássio Vasconcellos prend plusieurs centaines de clichés pour composer une image unique. Il photographie le monde par hélicoptère et provoque un « overview effect » : grâce à ses points de vue aériens, il fait prendre conscience de l’impact de l’activité humaine à l’échelle de la planète. Ses sujets de prédilection sont relatifs à la mondialisation : la production de masse, la société de consommation et l’interconnexion.

styled-image © Cássio Vasconcellos

« Ce que je tente de montrer dans mon travail c’est cette accumulation produite par l’humanité, les excès qu’elle génère pour continuer à entretenir un certain mode de vie, à vivre dans un certain confort. » citation extraite d’un interview pour L’Œil de la photographie.

styled-image © Cássio Vasconcellos

Pour créer cette images d’aéroport fictif, il lui a fallu 1 an, 800 heures de travail, et environ 1000 clichés.

styled-image © Cássio Vasconcellos

Une vision globale et ultime du monde

Yang Yongliang parle aussi du monde contemporain, mais s’inspire de la peinture traditionnelle chinoise : son travail est une réécriture des shanshui. Par un travail de photomontage minutieux, il recompose des paysages montagneux. Mais observés de plus près, ils révèlent des amas d’immeubles. Les grues et pilonnes électriques se sont substitués à la végétation abondante. Une brume grisâtre de pollution atmosphérique remplace les nuances esthétiques de l’encre de Chine. Les paysages de Yongliang dénoncent l’urbanisation sauvage de la Chine moderne.

styled-image © Yang Yongliang

« Mon propre paysage sert à critiquer la réalité telle que je la vois. » citation extraite d’un article des Rencontres Arles.

styled-image © Yang Yongliang

Le monde est un chaos organisé

Les œuvres de ces trois photographes se regardent en deux temps : avec du recul pour apprécier la composition maîtrisée, au plus près pour examiner la prolifération des détails et se perdre dans leur confusion. Ainsi, ces trois artistes représentent le monde avec sa complexité et ses contradictions : à la fois unifié et fragmenté, homogène et pluriel. Le monde tel un chaos organisé.

styled-image © Une œuvre de Vasconcellos en taille originale, Cássio Vasconcellos